EPHEMERIDE 2018

L’épiphanie a réuni autour d’une galette (pas ma recette habituelle et plus jamais cette recette) une partie des bénévoles du concours 2017. Il y a eu des rois et des reines et les pluvieux souvenirs du concours se sont envolés.

En février, Seigneur Balou avait décidé de passer l’arme à gauche. Je n’étais pas du même avis et les vétérinaires de la clinique d’Evron, non plus. « Coccolé » comme un coq en pâte par de charmantes infirmières, Balou est ressuscité. Depuis, assigné au régime crétois, il se porte comme un charme. Messieurs les fabricants de croquettes, je tiens à votre disposition la recette de cette renaissance incroyable.

Mars a été infect. De la pluie, de la pluie et encore de la pluie.

Avril ne fut pas mieux. Les pivoines ont néanmoins décidé de bourgeonner, les fruitiers aussi et Mesdames Cocotte, Mimosa et Florentine se sont remises à pondre. Messieurs Joli-coeur et La rose ont entrepris de restaurer une partie de la contrescarpe entre deux averses. Le troisième TREC s’est déroulé sur un terrain très, très souple et sans incident.

En Mai, entre canicule et tornades, les pivoines furent au rendez vous. Southern Beauty (hyb de lutea) s’est révélée un chef d’oeuvre, des fleurs double orange éclatant. Les japonaises, ayant subi les outrages du gel, ont fleuri petitement. Les herbacées et leur parfum ont clos la saison sous des pluies diluviennes.
Le premier tome de la série « Comment découvrir les pivoines de Sourches » dédié à la Grande Guerre, a rencontré un certain succès et je suis fière d’avoir pu vous faire partager, de manière poétique, le souvenir de ces hommes qui sont morts pour que vive la France.
Ont travaillé pour vous servir cette année, pendant la saison des pivoines, beaucoup d’amis et bénévoles et en tout premier lieu Morgane jardinier en chef assistée de Manon et d’Alban sans qui rien ne se peut, David, partout et toujours là pour aplanir les problèmes, Madison à l’entrée, débordée bien souvent mais toujours avec le sourire, assistée de Quitterie, Alexandre, Eléonore (saison 2017) venue prêter main forte et de quelques sympathiques visiteurs qui ont mis la main à la patte pour gérer le flux des voitures, à la boutique la souriante Léa (2ème saison) aidée par Patricia K, la belle Brigitte, Anita et Anne, enfin au salon de thé, Maeva la semaine et le weekend les amis dont le séduisant Luc avec sa lavallière, Anita, sa gentillesse en étendard, encore et toujours là, Albert le hollandais pour qui rien n’est impossible, Guénahel et son fils, Alexandre, Frédérique, René l’artiste, Madame Jacqueline et ses succulents gâteaux et la belle Brigitte, capable avec sa tchatche, de faire patienter une heure des visiteurs pour un thé ne sachant, ni faire fonctionner le samovar, ni trouver la boite à thé encore moins les tasses mais narrant excellemment bien les anecdotes de la maison sous Louis XVI. Sans oublier mon mari Jean de Foucaud, un vrai livre ouvert de l’Histoire de France, qui était toujours là où nous n’étions pas, afin de transmettre à chacun l’histoire de Sourches.
De cet heureux tourbillon où tout ne fut pas parfait, je peux témoigner que sur les quelques 4700 visiteurs ayant payé  leur écot (les autres grugeurs, je les méprise) que j’ai salués à leur arrivée ou remerciés à leur départ, seule une poignée se comptant sur les doigts d’une main, non, soyons généreuse, deux mains, sont repartis indemnes de toute imprégnation. Les autres avaient le sourire souvent béat, les yeux brillants de mille couleurs, le nez chargé de fragrances proustiennes et le coeur léger de celui qui sait que sa présence en ce lieu était nécessaire pour nous et inéluctable pour lui.
Si mes belles le veulent bien, si vous tous le souhaitez, si le diable me fiche la paix, l’an prochain sera mieux.

Juin fut étrange, Sourches comme la France a essuyé des pluies diluviennes. La moitié du mur de contrescarpe occidental a été achevée pendant que l’autre moitié résistait difficilement aux hallebardes. Madame Pivoine, chatte très dégourdie et très productive, débarquée pendant la floraison « prairial », a disparu avec ses petits qu’on avait déjà baptisé Pirouette, Pompon et Patapon.

Juillet a suivi, la sécheresse avec. La fête de la chasse organisée par l’association Ruillé-St Symphorien fêtait avec panache son 25 ème anniversaire. Les plantations de jeunes arbres ont nécessité moult citernes. Un orage d’anthologie a contraint les 120 scouts campant dans la forêt à se réfugier dans les caves. Qui eut crû que dormir à la cave était un luxe ?

Et Août copia juillet en température. Le guide n’a pas été très occupé malheureusement.

Chat échaudé craignant l’eau froide, il n’y a pas eu de concours en Septembre. Evidemment, il a fait beau. Ce mois de septembre restera inoubliable, non pas, pour ce qui n’a pas eu lieu mais pour une belle promesse de joies arrivée sur quatre pattes, un dimanche matin, à la ferme voisine. Eh oui, Madame Pivoine avait encore fauté éparpillant sa progéniture de-ci de-là. De cette portée née, semble-t-il à la miaou, je ne connais que Mushka, petite mouche immédiatement maternée par Madame Coco, chien d’allure pékinoise, une horrible chose à l’oeil torve, aux dents piraniesques et aux cordes vocales hypertrophiées. Elles forment une paire incertaine, la première ronronnant, la seconde roucoulant tout cela de bonheur.
Le film « Mademoiselle de Joncquières » tourné en partie à Sourches, sorti en salle le 12, a tenu l’affiche pendant 5 semaines à Paris. Succès mérité. Le DVD sort bientôt. Avis aux retardataires.

Le périple d’Octobre à la recherche de renseignements pour mon prochain livre sur les pivoines de Daphnis fut éprouvant. En 2018, pour aller de New-York à Pavilion, j’ai mis autant de temps par avion que Nassos Daphnis, en avait mis par la route, en 1938 .
Petite anecdote au passage, un passeport français aux USA semble un objet de répulsion. Incidemment deux de mes vols furent annulés et au moment de me reclasser sur un autre vol, une hôtesse d’American Airlines s’est permis de dire, je cite «  laisse tomber, on ne va pas la mettre sur ce vol, la France c’est le pays des mahométans ». Mon anglais n’étant pas suffisamment bon pour distinguer les nuances et encore moins les accents, je priais cette gente dame de bien vouloir répéter. J’avais bien compris que je faisais les frais de l’ignorance qu’elle avait de mon pays. Grand moment de solitude. George Washington a dit « Knowledge is in every country the surest basis of public happiness.” « Dans chaque pays, le savoir est le moyen le plus sûr d’accéder au bonheur ». Ils ont du soucis à se faire, les pauvres malheureux, nous aussi d’ailleurs.

En Novembre, le 18 exactement, des invités qui avaient osé affronter la froidure de la maison, ont été réveillés par des gilets jaunes. Panique à bord du paquebot Sourches. J’avais oublié de les prévenir de la tenue du vélocross de la Charnie placé sous l’égide de la maison rurale de Bernay en Champagne. Ceux qu’ils avaient pris pour des manifestants était en réalité les organisateurs. J’ai beaucoup ri et si la duchesse de Tourzel y habitait encore, elle ne serait probablement pas dépaysée en entendant les mots « cahiers de doléances », « citoyens», « Constituante », « Etats généraux », «consultation populaire » etc. et peut-être prendrait elle les gilets jaunes pour la livrée du prince de Condé comme pendant le voyage à Varennes.

Décembre, à Sourches rien. Quoique. La maison Aubier a guillotiné les taxus de la cour d’honneur si prospères qu’ils empêchaient l’ouverture des portails. Pendant qu’en France, au nom d’Allah, on tuait et au nom des droits de l’homme, on s’écrasait.

A tous les chrétiens, je souhaite un très Joyeux Noël en famille ou entre amis.
Et je formule le vœu pour 2019 que ce pays recouvre ses esprits et que les français de toutes conditions, du Président de la République à l’enfant qui débute sa scolarité se répète inlassablement cette phrase, plagiée volontairement, du discours inaugural de J.F Kennedy après sa prestation de serment en tant que 35 ème président des Etats-Unis d’Amérique, « Vous qui, comme moi, êtes Français, ne vous demandez pas ce que votre pays peut faire pour vous, mais demandez-vous ce que vous pouvez faire pour votre pays. Vous qui, comme moi, êtes citoyens du monde, ne vous demandez pas ce que la France peut faire pour le monde, mais demandez-vous ce que vous pouvez faire pour le monde ».