Éphéméride 2019

A Sourches, en janvier, le temps s’est arrêté, ni bruit, ni fureur, juste le calme de la campagne qui prépare sa renaissance.
Février a vu débarquer une Madame Pivoine empoisonnée. Urgence véto et sauvetage de la bête. A la faveur de son détour par la clinique d’Evron que je recommande à tous ceux qui aiment leurs animaux, nous avons appris que Madame Pivoine n’était pas que grassouillette. Du coup, achat d’un traceur GPS pour chat et surveillance assidue de la parturiente afin qu’elle ne sème pas ses petits à tout vent comme elle en a l’habitude. L’heureux papa a été identifié, il s’agit du gros Julot alias Pouchkine qui mange à tous les râteliers puis pond dans tous les nids.
La version japonaise du Tome I par Hanako Yoshimura a été publiée sur Amazone kindle.

Le 23 mars, Sourches a tenu son rôle hospitalier en accueillant les soldats du feu pour une prise d’armes. Les cuivres étincelaient, les bottes usées brillaient sous leur lustre, les drapeaux fouettaient l’air gaillardement, les fanfares envahissaient de notes tout l’espace et Pauline Letourneau recevait après son père William Letourneau, le grade d’adjudant-chef et la haute responsabilité de commander la brigade de sapeurs-pompiers de Saint-Symphorien. C’était remarquable.

Madame Pivoine a retrouvé une taille de guêpe. Grâce à celle de Morgane qui s’est faufilée par un trou de souris dans une dépendance de notre voisin agricole et grâce au fameux traqueur GPS, nous avons fait main basse sur trois admirables chatons qu’il eut été bien triste de perdre. Bien faits, bien dodus, bien sympas, ils ont été nommés, le 1er avril, Popov, Makarov et Paulette.
Cadeau pascal : trois poussins comtois sont arrivés dont deux rousses et une bringée, pour tenir compagnie à Cocotte, Florentine et Mimosa.
Chatons et poussins font bon ménage, tout ce petit monde grandit très bien.
Fin avril, le quatrième TREC a consacré les efforts et l’habileté de l’équipe des Déboussolées de Sourches, représentée par Morgane, Lou, Morgane et Sonia, portant fort bien sur la première marche du podium les couleurs de Sourches, classement club élite. Bravo les filles !
Première dédicace de l’année au Cercle Interallié du Tome II des Miscellanées de Sourches consacré à Nassos Daphnis, le célèbre créateur de rétro-croisement. La version anglaise du Tome I a été publiée sur Amazone kindle.

En mai, saison des pivoines, nous avons lancé une campagne de levée de fonds pour le sauvetage de la contrescarpe. Tous les donateurs ont dorénavant leur nom inscrit sur le site dans la rubrique Mécénat et encore une fois, nous les remercions très sincèrement de leur effort. Les plaques nominatives ont été fixées dans la contrescarpe pour toujours, ce qui ne fut pas simple tant la pierre est résistante. Les couvertines seront posées courant mars-avril et admirables à partir de mai 2020.
Le conservatoire de la pivoine a reçu 6008 visiteurs, nouveaux ou revenants. Et nous étions plus ou moins une dizaine pour gérer cela au mieux.
Les visiteurs sont venus d’Australie, de Chemiré en Charnie, de Paris, de Bordeaux, de Séville, d’Argentine, du Mans, d’Angleterre, de Lyon, de Chine, de Bruxelles. Une infime partie du monde est venue admirer ces pivoines qui ont fait parfois un trajet aussi long dans le temps et dans l’espace pour se sédentariser à Sourches. Merveilleux, n’est ce pas ?
Une nouvelle fois, pour rendre tout cela possible, il a fallu le travail assidu de Morgane et d’Eugène en tant que jardiniers ; de David en tant que guetteur de lapin et autres animaux ravageurs, suppléé en cachette par Alma, Coco, Balou et Mushka ( David ne faisant qu’inviter les lièvres et leur progéniture à sortir des douves, ce qui bien entendu n’est pas une solution, quant à Berli, chien coquet, c’est un anti-chasse de la première heure). Il a fallu, aussi, le travail bénévole des amis pendant la saison d’ouverture ; venus de Suisse, René et Lorraine, des Etats-Unis Adrien et Derek, la belle Brigitte revenue pour la troisième année préférant le calme sourchien à la loge princière du grand prix de Monte Carlo, David, Claudia et sa maman Patricia, la petite jeunette Bernadette, Alexandre, Margaux, Chloé, Georges arrivé de Naples pour la saison, Sonia, Gabriel, Frantz, Anne, tous souriants et tous serviables, sans oublier Madame Jacqueline qui concocte ses délicieux moelleux aux pommes, clafoutis et tartes au citron meringuée dans l’ombre et le secret de sa cuisine et qui veille au grain.
Et tout ça pour ça, vous direz-vous ? Juste pour assister à une vaste partie de jambes en l’air paeoniesque. Et oui car c’est de dont il s’agit, une exposition d’androcée et de gynécée pendant 80 jours (Cf mon antisèche pour néophytes, page 11, Tome II). Rouge, rose, saumon, verte, blanche jaune, pêche, acajou, orange, pourpre, les pivoines toutes dressées vers le ciel dans une nuée de pétales assurent ainsi leur salut. Cela dit, si on oublie l’aspect botanique, le ça devient une promenade inoubliable pour les adeptes des couleurs, de tranquillité et d’espace. C’est déjà beaucoup. NB : 6007 visiteurs sont repartis heureux, il faut bien un râleur sans quoi ce ne serait pas la France:):)

En juin, sous un soleil généreux, s’est tenu le troisième concours hippomobile et automobile de Sourches. Comprenez dans le mot concours: rassemblement de bonnes volontés dont beaucoup de bénévoles courageux qui comme leur nom l’indique ne gagne pas un centime, de meneurs qui perdent à chaque kilomètre parcouru pour venir autant que moi à la minute durant ces 3 jours, de collectionneurs qui dépensent à l’année une fortune pour préserver l’automobile ancienne, d’artisans qui une fois tout payé, impôts divers et improbables (au sens commun du terme), peuvent s’offrir un sandwich, en bref un rassemblement d’idéalistes attachés à transmettre au plus grand nombre un patrimoine artistique et culturel en voie de disparition.
L’absence des italiens a été un crève-coeur pour moi mais les meneurs présents et superbes m’ont bien vite fait oublier cette défection apeninne. Lester Dagge, juge anglais, dans le genre main de fer dans un gant de velours, très gai luron, a apporté sa touche exquise non conformiste. Nous l’attendons en 2021. Les Belges se sont distingués et, d’infiniment peu, ont vu la première place leur échapper, raflée pour la deuxième fois par Guy Vrignaud (pour la France) et son attelage en paire. Côté automobile, la première marche a échu, sans aucune hésitation de la part du jury, à un bijou flamboyant, une Torpédo de la maison Mathis pilotée par un collectionneur érudit et avisé. Un prix spécial a été remis aux trois Citroen qui concourraient en raison du centenaire de cette célèbre maison française encore vivante. Rien que pour cela, c’était un exploit à honorer. Côté artisan, il y en avait moins, crise et gilets jaunes obligent, mais le sculpteur de pierre Guillaume Davoust a montré son savoir et son talent tout le weekend, notre modiste favorite Laurence Bossion a confectionné quelques couvre-chefs indispensables sous ce soleil ardent et Ecodream a démontré que le recyclage, branché et vraiment utile, était possible. C’était un très beau concours. (Compte rendu complet sur le lien suivant https://www.chateaudesourches.com/concours/ciat-2019/)

Juillet a emporté avec lui la vieille Betty L., selle français devenue haridelle de 30 ans dont 18 ans de retraite à la maison.
Goupil, très aoutien, a fait bombance cette année. Trois poulettes, deux comtoises et une mancelle sont tombées sous ses crocs. Rapatriement express de l’Hôtel d’Evreux et de ses habitantes entre les hauts murs du potager. Depuis, aucune disparition n’est à signaler mais il y a grève de ponte. Aucune cellule psychologique n’ayant été mise en place à la suite de ces trois agressions, le rendement est devenu nul. Espérons que les poules feront preuve de la résilience nécessaire pour reprendre leur activité naturelle.

En septembre Proserpine, Cérès et Neptune ont retrouvé leur place dans la grande salle à manger. Un généreux mécène, enfant de la maison, n’a pas résisté à son désir de mettre un peu d’ordre dans l’histoire de Sourches effaçant un peu de l’outrage japonais. Et imitant le mouvement initié par ce désir d’ordre, la statuaire du parc (escamotée sous l’occupation nippone, saisie par l’Etat et restituée en 2003) dont la duchesse de Bourgogne, a retrouvé son cadre naturel (inauguration en 2020) .

Miquette, en octobre, est venue grossir la horde canine de Sourches. A peine bâtarde puisqu’on connaît ses géniteurs, bien moins laide que l’imbattable Coco, beaucoup plus diable qu’Alma, elle sert de bouillotte aux vieux seigneurs de la maison Berli et Balou qui y trouvent bien leur compte avec l’arrivée de l’automne.
Enième opération de l’asinus comicus Pierrot, probablement la dernière car malgré un appétit d’ogre, il pleure pendant les soins. Il a retrouvé son pré avec ses comparses syndiqués et braie tant et plus dès que David a deux minutes de retard pour la pitance. Quand l’appétit va, tout va !

Depuis novembre, les aquarelles arrivent au compte-goutte et sont un enchantement. Françoise Piquet-Vadon travaille d’arrache-pied sur les prochaines ainsi que sur son livre anniversaire, à ne pas manquer, qui sortira en mars. (pré-commande sur le lien suivant:http://www.lelivredart.com/project/piquet-vadon). Caroline Dumuys expose aux Etats-Unis et travaille déjà sur les aquarelles du Tome IV prévu pour 2021 dont le thème sera les hybrides intersectionnels. Claire Felloni a pris sa retraite ; ce qui est une grande perte pour le florilège de Sourches. Elle avait essuyé les plâtres du projet en 2015. Discrète, modeste, souriante, toujours partante et positive, amoureuse véritable de la nature, je la regrette infiniment et me console en admirant Chromatella, Aurore Boréale, Mathilde ou d’autres de ses œuvres.

À l’Hôtel d’Evreux, la comtoise, brave comme tous les comtois, pond tous les jours mais Cocotte et Mimosa font toujours grève. Trois coqs chargés de leur faire la conversation nous ont été offerts. Le premier s’est barré dans la soirée, le deuxième s’est fait dévorer par une fouine et le troisième se cache derrière celles là même qu’il doit défendre. Trouvez donc un nom pour un coq pareil ! Chantecler ou Coco, impossible, il est muet. Vaillant, ne nous moquons pas. Finalement, il s’appelle Casanova, ça lui va très très bien. Il est magnifique et toujours fourré dans le giron de ses dames.

Nous avons testé la press-mobile afin de pouvoir proposer du jus de pomme issu du verger de Sourches à tous nos visiteurs. Les souris de la cave ont trouvé si gouleyant le nectar malique qu’en un mois elles en ont biberonné 150 litres. On a protégé les 300 autres et mis les chats Mushka et Popov au travail.

Le conservatoire de la pivoine s’est enrichi de quelques obtentions anciennes offertes par le jardin botanique de Lyon. Nous sommes très fiers de la confiance qu’il nous accorde et tacheront d’en être dignes. De septembre à décembre, ce fut un vaste chantier dans les douves, classement, division et sélection. Désormais, tout corrobore, le plan papier avec les emplacements de chacune des 2532 variétés, la base de données générale avec celle des douves et celle de la nursery…coup de chance. Les inconnues le sont toujours mais ont été retirées des douves. .

Le 16 décembre, Seigneur Balou a rejoint ses ancêtres.

L’année 2019 s’est donc mal terminée. 2020 nous réservera, certainement, son lot de joies et de peines. Je vous souhaite à tous, au seuil de cette nouvelle année, beaucoup plus de joies que de peines.
Bénédicte de Foucaud