Amis des pivoines, du patrimoine et du Beau en général, bonjour !

Si vous lisez ce message, c’est que vous ne faites pas partie de la dernière « barque à Charon » affrétée par le virus sanitaire ou pire, par celui de la vérole islamiste. Je m’en réjouis pour vous et vous invite à savourer l’instant. Vous êtes vivant !

A Sourches où la nature s’ est ressourcée avec rigueur tout le mois de janvier, nous le sommes encore.En février, le mimosa a fleuri abondamment. Un magnifique bouquet offert par le maire du village a égayé Sourches de ses couleurs printanières.

En mars, le 7, une plaque signalétique à la mémoire de Louis des Cars a été inaugurée sur la place du village et j’ai donné ma première conférence sur la pivoine à Coutances. Si la cérémonie villageoise s’est très bien déroulée en présence des descendants de cette illustre famille, j’ai raté ma conférence. Eh oui ! Il fallait apporter des photos sur une clef usb. J’étais partie dotée d’un plan académique et chargée comme une mule de mots choisis et explicites. Tout le contraire de la pivoine, qui, bohème et supérieure à toute autre fleur, n’a besoin que d’elle même pour se présenter. Je m’engage à refaire cette conférence avec un outil richement illustré à la date voulue par ces botanistes qui m’ont très gentiment accueillie. Occasion déguisée pour revoir cette verdoyante Normandie.
Le 25, manège dans les douves pour acheminer par voie aérienne des bacs à oranger. Test pour contraindre la pivoine. Résultat dans 10 ans.
Le 26 mars, toute de blanche vêtue, la pivoine wittmanniana a inauguré la floraison, suivie de près par Hioh, une remontante japonaise un peu lilarose et Feng Dan Zi une chinoise rose vif.

Toutes se sont réveillées le 1er avril et pour Pâques, le spectacle était exquis.
Le 16 avril, le Tome III des Miscellanées de Sourches a été livré à 21h par un chauffeur débrouillard, souriant, lituanien de parents ukrainiens dont le camion était slovène et la livraison hongroise, l’éditeur étant franco-suisse, le conservatoire français, c’était comme un Grand Tour.
Le 21 avril, la floraison des arbustives était à son apogée. Un véritable enchantement. La chatte Mushka qui a fait des douves son jardin particulier adore les pivoines. Son jeu favori est de grimper dans les arbustives, légère, elle se cale avec habileté entre les branches et joue avec les fleurs qu’elle prend pour des pompons. Certaines n’ont pas aimé. Espérons que Pacha Popov et ses huit kilos n’ait pas la même idée.
Fin avril, les pots en terre cuite ont été remis à leur place dans la forêt. De toute la statuaire saisie par la police, il n’en reste plus qu’une à restaurer. A elle seule, elle est un véritable casse-tête.

Le 12 mai, le conservatoire a ouvert ses grilles pour la sixième fois. Les fidèles, que je reconnais à leur enthousiasme et à leur pas déterminé, avaient réservé leur première sortie aux pivoines, ils n’ont pas été déçus. Les nouveaux venus, que j’appelle des Thomas tant ils sont dubitatifs sur la qualité du spectacle annoncé, ont cru arriver au paradis de la pivoine. Il faut bien dire que si la floraison était très précoce, elle n’en était pas moins exceptionnelle. Pour vous servir, cette année, il y avait Sonia qui désinfectait pièces et billets à l’entrée et dont personne n’a pu profiter du sourire si franc. Lea, Alexandre et Anne remplissaient toutes les tâches, Jean de Foucaud assurait la partie historique et bien entendu la Belle Brigitte, qui avait bravé l’interdiction de circuler pour nous prêter main forte, a assuré brillamment tous les rôles. Le salon de thé est resté fermé. Ce fut un drame pour certains qui attendaient avec impatience de savourer le clafoutis de Madame Jacqueline ou mon moelleux à l’orange. Désolée mes petits chéris ! L’année prochaine… s’il n’y a plus aucun risque pour notre formidable Bernadette.
Nous aurions du fermer le 25 mai car la saison de floraison était avancée et le soleil trop violent pour les délicats pétales des herbacées mais beaucoup d’entre vous étaient si soulagés d’être là, libres, que nous avons tenu jusqu’au 1er juin. Avouons que le spectacle des visiteurs qui ayant ôté masque et chaussures s’endormaient, seuls, sous les arbres, qui à la mare, qui sur l’anneau aux lapins, qui sur les transats, était à la fois réconfortant et amusant.
Le concours Instagram de la plus belle photo de pivoine a été remporté par une jeune mancelle
Conservez bien tous vos tickets et rendez vous l’année prochaine pour une floraison toujours plus abondante !

En juin, les cerisiers et les framboisiers ont produit comme si c’était leur dernière fois. Gelées, confitures, fruits au sirop, tous les bocaux et les pots y sont passés.

Dans la nuit du 26 au 27 juin, la dynastie canine de Sourches s’est éteinte. Son ultime représentant Seigneur Berlioz, tout baigné de frais, arborant un large ruban bleu a rejoint pour l’éternité Nana, Ronda, Baba, Boubou et Balou. Une parcelle de la beauté du monde a disparu.En juillet, grand nettoyage autour de la mare afin d’ installer une aire de pique nique pour les visiteurs.

Le 13, le maire du village Joel Méténier a récompensé le travail accompli au Conservatoire de la Pivoine par la distinction du Mérite Agricole. Le récipiendaire dorénavant chevalier que je suis tient à partager cet honneur avec tous ceux qui ont contribué à cette aventure paeoniesque. Je veux citer dans le désordre, les bénévoles ou non, Mesdames et Messieurs Morgane, David, Eugène, Nicolas, Manon, Alban, Joli-Coeur, la Rose, Paumier, Evrard, Lemée, Vélot, Bernadette, Georges, Léa, Madison, Eléonore, Jean de Foucaud, la belle Brigitte, Patricia, Isabelle, Luc et Quitterie, Derek, Tancrède, Chloé, René, Anne, Alexandre, Léa G, Sonia, Joachim dit petite mule, le professeur Gorobets, Elena, Walter G, Reiner J, Florence et Samuel, Sakurako, Tatsuya, David et Georgianna Lane, Philippe Lefort, Caroline Stone, Alain Tricot, Gilbert Flabeau, Joel Méténier qui vient prêter main forte en cas de besoin et les journalistes qui se font les chantres de cet endroit où la pivoine est reine.

Le 21 juillet, coup de tonnerre à Sourches ! Le vénérable cèdre qui par ses larges et hautes ramifications nous protégeait de tout, a jeté l’éponge, dissolvant instantanément la joie procurée par le poireau national. Prosopopée du cèdre lien
S’en suivit un travail de fourmi et de titan. Sciage et treuillage des grosses branches, récupération des pierres de la balustrade explosées par la chute et dont une fut projetée à 25 mètres, sauvetage des pivoines ayant atteint l’asthénosphère, retrait des piquets de celles totalement pulvérisées par les impacts et coupe des arbustives très écornées.

Au mois d’août, quelques visiteurs ont visité la maison et apprécié grandement la fraicheur des caves.

En septembre, s’est tenue la première vente de charité du château de Sourches organisée par la conservatoire de la pivoine au profit de l’association Leucémie Espoir 72 avec le concours bénévole de Maitre Xavier Sanson, commissaire-priseur au Mans, de toute son équipe, d’Antoine et Béatrice Lescop de Moy en guise d’experts. Ce fut un bel événement et une bonne recette pour cette association méritante. MILLE MERCIS A TOUS LES DONATEURS !!!!!

A l’occasion des JEP, nous avons constaté la petitesse de Sourches pour accueillir en même temps tant de monde. 200 personnes en deux heures, c’est impossible. Chers visiteurs, je vous enjoins de venir le matin ou en fin d’après-midi, la visite n’en sera que plus savoureuse.
La dernière couvertine de la partie occidentale des douves a été posée à la fin du mois. J’en profite pour remercier encore une fois les contributeurs financiers de cette tranche de travaux (liste sur le site dans la rubrique Mécénat 2019). Vous pourrez admirer le bénéfice de votre don pendant encore trois ou quatre siècles..

Et d’un mur à l’autre, dès octobre, Messieurs Joli-Coeur et La Rose ont attaqué la réfection de la balustrade détruite en juillet.

Le 12 , pendant les plantations et durant un instant d’inattention, les petites horreurs Alma, Coco et Miquette en réunion, ont piqué une racine de pivoine pour jouer. Je ne mise pas cher pour sa reprise. Elle a été plantée au pied de la grande terrasse avec une bonne centaine de ses coreligionnaires. D’ici trois ans , la floraison devrait être intéressante.
Et j’ai planté la pivoine Coral Reef !! CF lien mecenat.
Le 15, Monsieur Langlais a semé des pois et de l’avoine dans le grand parterre en respectant les dessins de Mansart. A défaut de refaire un véritable jardin à la française, les chevreuils se gaveront des jeunes pousses et les vaches auront du fourrage.

En novembre, tandis que le devis de restauration de la balustrade détruite par le cèdre, non encore soumis à l’appréciation de la DRAC, arrivait par la poste, Messieurs Joli-Coeur et La Rose posaient la dernière pierre de leur ouvrage, effaçant par ce geste l’opprobre belliqueuse de mon ami le cèdre.
Le 11 novembre, sous un soleil radieux, accompagnée du dense gazouillis des oiseaux alentours, du ronronnement de Pacha Popov, des chiens chassant les mulots, j’ai refermé les douves pour l’hiver. Tout a été taillé, évacué, planté, amélioré.

Durant décembre qui a été triste et froid, le mur de la contrescarpe méridionale s’est refait une beauté. Occasion pour une centaine de pivoines de s’y installer dès l’automne 2021.

A tous, je souhaite une bonne année 2021 et donne rendez-vous dans les pivoines pour une floraison toujours plus spectaculaire !
Pivoinement.
Bénédicte de Foucaud